La présentation des textiles patrimoniaux – Journée Sfiic textile du 25 janvier 2019

La présentation des textiles patrimoniaux – Journée Sfiic textile du 25 janvier 2019

Systèmes de montage et d’exposition des textiles anciens du milieu du XIXème au début du XXème siècle.

Nora Rudolf, docteur en histoire de l‘art, Université de Berne, institut d‘histoire de l‘art.

Lors de la fondation des musées d’arts décoratifs au milieu du 19ème siècle déjà, de vastes collections de textiles anciens en étaient des parties constitutives. Elles correspondaient particulièrement aux objectifs des musées, visant à l’éducation et au développement économique national. Des systèmes de montage et d’exposition historiques et de nombreuses sources écrites de cette époque donnent une idée approfondie de la manipulation pratique des textiles dans ces musées. En outre, les stratégies précoces de la préservation des textiles anciens deviennent compréhensibles

Einrichtung des Stoffzimmers, Berlin 1886


Œuvres textiles moderne et contemporaine en exposition

Montaine Bongrand. Restauratrice du patrimoine, spécialité textile

A travers l’exemple de deux installations d’œuvres textiles tridimensionnelles ( « feuillage rouge » de Jagoda Buic et « Domestic » d’Annette Messager), réalisées en 2015 dans le cadre de l’exposition « Decorum » à la Power Station of Art à Shanghai,seront abordées l’importance de la documentation des œuvres et de leur mise en espace, la recherche de solutions techniques dans un espace d’exposition hors norme, un contexte culturel étranger, ainsi que la collaboration avec des équipes techniques n’ayant pas les mêmes processus de décision, de réflexion et ni même, parfois,de langue commune.

Power Station of Art, Shangaï

Domestic » d’Annette MESSAGER , 2000.

 

 

 

 

 

 


La présentation monumentale d’une tenture de chœur

Marie-Blanche Potte, Conservateur des Monuments Historiques, Auvergne Rhône-Alpes, Projet Chaise-Dieu.

Les 12 tapisseries, classées depuis 1840, d’origine flamande de la fin du XVème siècle, début du XVIème siècle, constituent une tenture de chœur pour l’Abbaye de la Chaise-Dieu (Haute Loire, France). Sous la maitrise d’ouvrage d’un syndicat mixte, assisté des responsables des Monuments historiques (tapisseries), architecte, conservateur, cette tenture a, de 2012 à la fin 2016, fait l’objet d’un constat d’état et d’une conservation-restauration dans l’objectif d’un assainissement, d’un confortement (sauvegarde et mise en valeur) en vue d’une nouvelle présentation dans une chapelle redécouverte, restaurée dans le même temps. La tenture serait exposée de manière permanente dans la chapelle à partir de juin 2019.
Cette communication présentera les actions qui ont été mûrement réfléchies dans leur impact comme dans leurs conséquences : le système de suspension des tapisseries, le climat, l’éclairage et la restauration d’un monument au service de l’œuvre qu’il abrite.
C’est l’ensemble de cette démarche que l’on peut suivre dans ses choix ; puis en évaluer l’aboutissement maintenant que la tenture va connaître une vie nouvelle.

Chapelle en rénovation

 


Apport théorique : Comparaison entre les différents modes de présentation des tapisseries du point de vue mécanique

Mohamed Dallel, Responsable du pôle textile, Laboratoire de recherche des Monuments Historiques

Les tapisseries sont bien souvent considérées comme des œuvres d’art très sensibles aux facteurs environnementaux. À ces altérations liées à la nature des matériaux, s’ajoutent les dégradations spécifiques à leur structure monumentale. Ces dégradations, du fait de leurs poids important et de leurs grandes dimensions, sont provoquées par les tensions générées sous l’effet de leur poids, qu’elles soient accrochées ou manipulées. Souvent ces altérations qui portent préjudice aux valeurs culturelle, historique et artistique des œuvres, trouvent leurs origines dans le mode d‘accrochage inadéquat. Il est donc primordial d’agir en amont afin de prédire de telles déformations irréversibles et ainsi empêcher que des dommages supplémentaires ne surviennent. C’est dans ce contexte précisqu’un projet de recherche devrait voir le jour prochainement au LRMH mais qui a commencé par la présente étude théorique et comparative de quatre modes de présentation: horizontale, verticale, sur un plan incliné et en hémicycle.


La Bodythèque Historique, une étude du corps au service des collections du costume. Scénographie/ expographie et muséographie/ Mesure et démesure

Carmen Lucini. Conservation préventive, Muséographie

La Bodythèque voit le jour à partir de 1992. Une série de 70 matrices originales configurent un ensemble dont la recherche se nourri de l’étude des collections textiles-costumes Européenes. Hommes, femmes et enfants de différentes morphologies, du XVIIème à la deuxième partie du XXème siècle constituent un répertoire informatisé et en 3D à la disposition des chercheurs et des professionnels du Musée, dont le tuteur en Espagne est le CDMT de Tarrassa et en France l’INP. Trois thecniques de travail : le carton sans colle, le thermoformage et le scan direct pour une réalisation en résine époxy. Des sculptures grandeur nature sur mesure, semi-mesure, ou pour des petites séries. Étant conscient de la fragilité structurelle des tissus, du point de vue de la conservation, l’exposition du costume exige une élaboration de supports spécifiques complexe. La préservation reste une attitude culturelle et le symbole de la qualité avec laquelle nous traitons nos objets de mémoire. Une attitude collective qui sert d’indicateur de prévention de risques pour l’ensemble des collections. Elle doit favoriser aussi la qualité de la recherche et de la mise en exposition. Cette discipline, appliquée à l’environnement muséographique, développe une méthodologie capable de freiner en grande partie les causes de détérioration au moment de l’exposition. Aujourd‘hui, l’alliance entre la muséographie et la prévention est un succès partagé. Le soin avec lequel nous nous impliquons et nous nous appliquons à la fabrication des supports anatomiques destinés au costume et des socles destinés à l’installation des accessoires de mode participe à cette aventure préventive.

(Cas d’application/ Video Lluís Tolosa i Giralt (Barcelone, 1905-1973) fut un décorateur, artiste et collectionneur barcelonais. Dans son travail, il était à la fois passionné, rigoureux, intuitif, curieux et fin connaisseur. En 1973, il décide de léguer au Musée Textile de Terrassa sa collection. Celle-ci comporte un ensemble de plus de mille habits féminins, masculins et des accessoires de mode européenne du XVIIe siècle jusqu’au XXe siècle. L’étude de cette collection depuis 2013 a permis d’appliquer les recherches de la Bodythèque Historique © à une sélection de pièces afin de raconter de façon chronologique une autre Histoire de la mode : l’évolution de la coupe. L’édition numérique présente une étude technique très détaillée des modèles et des assemblages propres aux techniques de confection de vêtements de différents siècles, ainsi qu’un rapprochement à la silhouette dans la mesure et démesure propre à chaque

 

Série de mannequins de la bodytèque

 

Site : carmenlucinimuseographie.com

 contact@carmenlucinimuseographie.com

 


Heavenly Bodies: Fashion and the Catholic Imagination: une exposition à grande échelle, un défi pour les restaurateurs.

Melina Plottu, restauratrice associée, The Costume Institute, The Metropolitan Museum of Art

La dernière exposition du Costume Institute Heavenly Bodies: Fashion and the Catholic Imagination, inaugurée au printemps 2018, s’est révélée la plus ambitieuse jamais réalisée par le Metropolitan Museum of Art. Présentée comme un dialogue entre la mode et l’art médiéval au sein des collections de The Met Fifth Avenue et The Met Cloisters, elle met en lumière l’influence du culte et des traditions catholiques sur la mode contemporaine. Le Anna Wintour Costume Center a également exposé pour la première fois dans son histoire à l’extérieur du Vatican, les vêtements et accessoires liturgiques des papes conservés dans la Chapelle Sixtine. La réalisation d’une exposition d’une telle ampleur, sur deux sites différents et plus de vingt-cinq galeries, a nécessité une logistique exceptionnelle et la mise en place de solutions adaptées de la part de l’équipe de restauration.

Exposition Heavenly Bodies: Fashion and the Catholic
The Met Cloisters @M.Plottu

 


Lorsque la restauration seule ne suffit pas …

Antoinette Villa, restauratrice du patrimoine, spécialité textile

Pendant le mannequinage, les dégradations possibles sont multiples et peuvent survenir rapidement. A travers quelques exemples on verra comment restauration et mannequinage sont étroitement imbriqués. La réalisation du support de présentation pour le manteau de l’Ordre du Saint Esprit du Louvre ou la pose de systèmes de soutien sur des robes, montrent combien les interventions de mannequinage et de consolidation doivent être réfléchies simultanément. La consolidation seule parfois ne suffit pas, les deux robes de la collection Africaine de la Fondation YSL, montrent comment des structures internes peuvent protéger un vêtement. Parfois les problématiques sont concentrées sur une zone particulière comme dans le cas des deux robes du théâtre Athénée où il fallait soulager les manches tout en limitant les manipulations au maximum pendant le mannequinage. Enfin, dans des cas extrêmes, la restauration elle-même intègre une problématique de mannequinage. Pour l’ensemble de 1967 d’YSL, une intervention de restauration particulière a été réalisée sur les baleines de poitrine, celles-ci étant à l’origine mais non responsables de la dégradation. Lorsque la consolidation ne suffit pas à résoudre le problème, le restaurateur doit prendre en charge une partie du Support pour le Support du manteau mannequinage. Il est important de penser celui-ci au moment de la restauration, il ne faut jamais dissocier ces deux aspects de l’intervention sur un vêtement.

Support du manteau

 


Les partis-pris de mannequinage retenus par la Cité de la dentelle et de la mode pour ses collections semi-transparentes, suivi d’un focus sur l’utilisation du fosshape dans la confection des supports muséographiques pour – notamment – sa collection de lingeries.

Aurélie Artélésa, régisseur des expositions et des collections textiles, Cité de la dentelle et de la mode de Calais

La Cité de la dentelle et de la mode fêtera ses dix ans en 2019. C’est l’occasion de revenir sur son histoire depuis les expositions de préfiguration jusqu’à la création – notamment – de la Galerie des collections. Cette exposition permanente composée de vitrines fixes a fait l’objet de réflexions spécifiques par l’équipe de conservation en raison de la nature des pièces présentées et de la chronologie retenue. Comment présenter un grand châle entièrement en dentelle du Second Empire ? Comment présenter des ensembles de lingerie de 1900 à nos jours ? La présentation détaillera la méthodologie appliquée par typologie des pièces en fonction des contraintes de formes, de transparences et d’esthétique des œuvres, mais aussi des contraintes liées au peu d’espace de stockage dédié au matériel muséographique. Afin de pouvoir répondre à ses objectifs de rotation des collections, la régie des œuvres a dû revoir le mode de production de certains mannequins nécessitant des découpes sur mesure. Facilité et propreté d’exécution, temps de réalisation réduit, compatibilité avec les normes de conservation et également durabilité : toutes ses qualités ont été réunies dans le fosshape. Après une présentation du matériau (composition, historique), de nombreux exemples montreront son champ d’application par le biais des expériences et réalisations menées par la Cité de la dentelle et de la mode depuis 2015 et qui s’étendent aujourd’hui à l’ensemble de ses collections textiles.
Photographie d’une vitrine consacrée à la lingerie contemporaine (à gauche, Body « Exquise tentation à Calais », Lejaby, 2014,n°inventaire : Cidm 2015.3.1 ; à droite, Body, Jolidon, 2010-2011, n°inventaire : Cidm 2014.3.3).


Restauration et Présentation d’un Etendard

Catherine Sarramaigna, restauratrice du patrimoine, spécialité textile. Musée des Tissus Musée des Arts Décoratifs de Lyon

La conservation-restauration d’un étendard iranien avec une inscription Ottomane du 17ème – 18ème siècle (MT 25248) du Musée des Tissus de Lyon a soulevé 3 années de travail pour trouver la solution de comment restaurer un objet biface et comment le maintenir à sa hampe d’origine.
Cette présentation abordera la mise en œuvre d’une impression de plusieurs couleurs sur une grande surface de Nylon Net ainsi que la création d’une technique d’accrochage de l’étendard sur sa hampe qui permet un accrochage homogène et facile à démonter en s’inspirant des accrochages des tapisseries.
Le résultat permet de garder les deux faces lisibles et de présenter l’objet à plat, sur plan incliné ou pour une courte période, suspendue à la verticale sur sa hampe.

 

MT 25248, étendard après intervention © Lyon, MTMAD – Sylvain Pretto.

 

 

 

 

FOURNISSEURS : Duckeries Textiles and Fancy Goods Ltd, 15a Melbourne Rd, West Bridgford, Nottingham, NG2 5BG, UK. Référence: 20 denier monofilament scoured heatset; color: natural; width: 520/540cms. Buisine, 78 rue Felix Faure 92700 COLOMBES, France. Référence : Racle en bois 65 SHORES de 60cm ; Tissu Polyester Sefar 43fils/cm au mètre largeur de 158cm.
Socleur :Romain Laforet : Atelier de Soclage Lyonnais, Plateau de la Croix-Rousse, 3 rue de Nuits 69004 Lyon.


Le montage par épinglage, une alternative au montage par couture pour les textiles et objets ethnographiques

Clothilde Castelli, restauratrice de textiles, musée du quai Branly-Jacques-Chirac,Paris

Emilie Enard, restauratrice de textiles indépendante, Paris

Cette technique, mise au point par Christine Giuntini, responsable de la restauration des textiles et objets organiques au département des arts d’Afrique, d’Océanie et des Amériques du MET, permet la présentation verticale sur panneaux de textiles de grand format et en bon état de conservation tout en limitant l’usage de la couture, notamment des lignes de fixation, opération qui peut être à la fois chronophage et particulièrement intrusive dans le cas d’objets hors norme.
Le montage par épinglage s’avère particulièrement prometteur pour certains textiles ou objets ethnographiques qui pour diverses raisons n’autorisent pas la couture. Les spécificités des collections du musée du quai Branly ainsi que le caractère restrictif de sa muséographie ont permis un développement de la technique pour des objets en vannerie et sparteries de fibres végétales.
La présentation détaillera les principes et les modalités de ce type de montage ainsi que les exemples