Groupe Textile : Comptes-rendus de la journée d’étude du 26 janvier 2018

Groupe Textile : Comptes-rendus de la journée d’étude du 26 janvier 2018

Journée d’étude du groupe TEXTILE Vendredi 26 janvier 2018

Programme & Résumés

9:15 – 9:45 Accueil des participants

9:45 – 10:00 Brèves de colloques • International Festival of Plants, Ecology and colours. Symposium in Madagascar, 15-21 Mai 2017, Cécilia Aguirre • Forum of the ICON Textile Group. 27 Mars 2017 – Bath, Clothilde Castelli

10:00 – 10:45 Le gel de silice comme humidificateur o Comment et pourquoi utilise-t-on le silicagel M ? Maroussia Duranton, adjointe au responsable du laboratoire scientifique de l’INP, et Oulfa Belhaj-Khaifi, assistante ingénieure du CRCC o La restauration d’une robe de la Libération conservée au Musée de la Libération de Paris. Emilie Enard, Gael Hennion, Caroline Legois, Antoinette Villa, restauratrices indépendantes. o La restauration d’une robe funéraire datée du 13ème siècle attribuée à la fille du roi Alphonse X d’Espagne. Nataly Herrera, restauratrice indépendante. o Nouvelles avancées, un nouveau protocole qui prend moins de temps. Maroussia Duranton et Oulfa Belhaj-Khaifi.

10:45 – 11:00 Brèves de colloques • 3-Day Gels in Conservation Conference, Londres, 16-18 octobre 2017, Emilie Enard • Actualités de la conservation-restauration des textiles, Royaume-Uni, Melina Plottu, restauratrice au Museum of London

11:00 – 11:30 Pause-café

11:30 – 11:45 Brèves de colloques • CIETA –Pouvoir, rang et statut – Textiles et représentation. 25-28 septembre 2017. St Petersbourg, Mohamed Dallel, ingénieur de recherche Lrmh.

11:45 – 12:00 Elaboration d’un référenciel sur les colorants textiles en France entre 1850 et 1914, Présentation et état d’avancement du projet, Marie-Anne Sarda, conservatrice en chef du Patrimoine, INHA.

12:00 – 12:30 Retour de résidence de la Villa Médicis. Recherche sur le nettoyage au laser des filés métalliques.Stéphanie Ovide, restauratrice indépendante. 12:30 – 12:45 actualité de la Sfiic et du groupe textiles

12:45 – 14:00 Pause déjeuner

14:00 – 14:45 Regards croisés sur l’étude de la Tenture de l’Apocalypse d’Angers. Montaine Bongrand et Susanne Bourret, restauratrices indépendantes, Clémentine Mathurin, conservatrice et Isabelle Guegan, photographe.

14:45 – 15:15 Biomatériaux à base de fibroïne de soie: application à la consolidation de textiles anciens. Sylvie Noinville, chercheuse – Sorbonne Universités, MONARIS, Paris 6.

15:15 – 15:30 Pause 15 :30 – 16 :00 Altération des textiles historiques : le rôle des polluants atmosphériques, Pauline URING, doctorante de l’Université Paris-Est au LISA (laboratoire inter-universitaire des systèmes atmosphériques).

16:00 – 16:30 Retour de résidence à la villa Kujoyama, recherches sur les tissus inkin.Violaine Blaise, restauratrice indépendante.

16:30 – 17:00 Discussion et conclusion

 

 

Résumés

Silicagel M® : Protocole d’utilisation et nouvelles avancées. Maroussia Duranton, adjointe au responsable du laboratoire scientifique de l’INP, Oulfa Belhaj-Khaifi, assistante ingénieure au CRCC Le gel de silice est habituellement employé dans les musées comme agent tampon ou déshumidificateur afin de contrôler le pourcentage d’humidité relative au sein des vitrines. Une large gamme de gels de silice existe sur le marché de la conservation-restauration, avec des propriétés spécifiques différentes. Le Silicagel M® est un composé hygroscopique qui est capable d’adsorber et de désorber une quantité importante de molécules d’eau sous leur forme gazeuse. Il a donc semblé intéressant de détourner son utilisation habituelle pour mettre en place un traitement d’humidification adapté à des œuvres sensibles à l’eau. Dans le cadre du mémoire de fin d’étude de Gael Hennion à l’Inp (Institut national du Patrimoine), l’utilisation de ce produit s’est avéré très efficace lors du traitement de remise en forme d’une tunique talismanique. Cette étude a permis d’établir un protocole applicable dans des conditions d’atelier. Après plusieurs applications de ce protocole sur des objets composites provenant de domaines très variés, il est apparu pertinent de simplifier le conditionnement du Silicagel M® en menant es essais complémentaires au sein des laboratoires du CRC (Centre de Recherche sur la conservation) et de l’Inp.

 

Silicagel M®  Fournisseurs: Silicagel M® , Christopher Waller Société Long Life of Art, www.cwaller.de Contacts : Maroussia Duranton, Laboratoire de l’Institut national du patrimoine, maroussia.duranton@inp.fr OulfaBelhadj-Khlaifi, Centre de recherche sur la conservation CRCC – MNHN, oulfa.belhadj@mnhn.fr

 

La restauration d’une robe de la libération ayant appartenu à Madame Sabot, conservée au musée de la libération de Paris. Emilie Enard, Gaël Hennion, Caroline Legois, Antoinette Villa, restauratrices indépendantes La restauration d’une robe, conservée au Musée de la libération de Paris, a été l’occasion de mettre en place un traitement d’humidification adapté à la sensibilité à l’eau d’un objet composite grâce à l’utilisation du silicagel M®. La robe présentait des taches qui ont nécessité un nettoyage local mais aussi des déformations dues en partie à ses matériaux constitutifs, textile et papier, dont les propriétés mécaniques sont différentes, ainsi que de nombreux plis marqués dus à son conditionnement en boite. Une remise en forme a donc été envisagée en vue de l’exposition de la robe sur mannequin. Or les taches présentes sur la robe et des tests préalables ont révélé des risques importants de dégorgement des colorants rouge et bleu (des manches et bas de la robe) en contact avec de l’eau liquide. Afin de pallier les risques de dégorgement, les éléments ne pouvant être démontés, un traitement d’humidification progressif et contrôlé sans apport d’eau liquide a été réalisé, en utilisant le silicagel M® qui permet de maintenir un pourcentage d’humidité relative imposé et stable dans un milieu clos. La remise en forme de la robe a permis de consolider les zones déchirées et la mise en place d’un système de soutien interne pour son mannequinage.

La robe avant et après traitement © G. Hennion.EmilieEnard Fournisseurs : – Clé Usb enregistreur de température et d’humidité relative, Société Instramed, ref. Inst-1035

Contacts : – Antoinette Villa, villa-antoinette@orange.fr – Emilie Enard, emilie.enard@gmail.com – Gael Hennion, gawelh@hotmail.com – Caroline Legois, carolinelegois@gmail.com

 

La restauration d’une robe funéraire datée du XIIIème siècle attribuée à la fille du roi Alphonse X d’Espagne. Nataly Herrera, restauratrice indépendante Le monastère de Santo Domingo de Caleruela (Burgos) accueille une tombe médiévale contenant les restes de l’Infante Leonor de Castille(1256-1275),fille du roi Alphonse X le Sage. Le Centre pour la Conservation et la Restauration du Patrimoine Culturel de Castille en Espagne a débuté des travaux de restauration du sarcophage actuel à l’aide de techniques d’analyses modernes, telles que la tomographie assistée par ordinateur et la recontruction 3D qui ont révélé la présence de textiles à l’intérieur du sépulcre. Cela a conduit à son ouverture confirmant que l’Infante portait les restes d’une robe qui faisait partie de son trousseau funéraire. La robe a été identifiée comme étant une saya en cordada, vêtement typique des classes nobles castillanes du XIIIe siècle se caractérisant par un laçage latéral. La principale problématique rencontrée lors de sa restauration fut la présence de plis et la nécessité de les éliminer pour la consolider. Avant d’intervenir, une étude scientifique a été lancée pour obtenir plus d’informations sur la pièce et ainsi trouver l’intervention la plus adaptée à ses caractéristiques. L’identification de matériaux mixtes, en l’occurrence du cuir et des fils métalliques, ainsi que de différents types de détérioration, avec notamment la présence de chlorure de sodium, ont écarté les techniques d’humidification actuelles. Dans ce contexte particulier, l’expérience du gel de silice s’est avérée être l’intervention la plus appropriée et une alternative fiable d’humidification.

© N. Herrera. Contact : Nataly Herrera, nat.herreraherrera@gmail.com

 

Elaboration d’un référenciel sur les colorants textiles en France entre 1850 et 1914. Présentation et état d’avancement du projet.

Marie-Anne Sarda, conservatrice en chef du patrimoine, INHA

Malgré une riche histoire textile millénaire, les teintures naturelles ont au cours de la seconde moitié du XIXème siècle cédé leur place aux colorants de synthèse. Du brevet de la mauvéine de Perkin en 1856 à l’abandon au début de la Première Guerre mondiale du pantalon rouge garance, ce sont près de deux-cents colorants de synthèse, voire davantage, qui ont fait l’objet de brevets d’invention. Portant sur ces nouveaux colorants, leurs inventeurs, chimistes et teinturiers, et leurs utilisateurs, manufactures et couturiers, le nouveau programme de recherche de l’INHA se situe à la croisée de l’histoire des sciences, de l’industrie et du textile.

5 planches d’échantillons de teintures sur coton, début du XIXème siècle; Mulhouse,MISE.

Manufacture des Gobelins, Atelier de teinture: laboratoire de Chevreul. Robe d’intérieur, vers 1865,sergé de laine imprimé à la planche; Mulhouse, MISE. Fantassin du27ème Régiment d’Infanterie, laine; Paris, musée de l’Armée. © M.-A.Sarda.

 

Retour d’expérience d’une année de recherche à L’Académie de France à Rome, Villa Medici: Le nettoyage des filés métalliques.

Stéphanie Ovide, restauratrice indépendante.

Le nettoyage de filés métalliques constitue une problématique récurrente dans la conservation textile. Les difficultés de nettoyer la sulfuration et l’oxydation d’éléments métalliques dans ou près des fibres textiles nous ont poussés à chercher des méthodes novatrices de nettoyage. Durant une année de recherche en tant que pensionnaire à l’Académie de France à Rome, Villa Medici, j’ai pu expérimenter et confronter les différentes méthodes de nettoyage existantes en Europe. Parmi ces méthodes on trouve le nettoyage à l’aide du stylo à électrolyse, le PLECO et la méthode de nettoyage au Laser.

© S. Ovide.

Regards croisés sur l’étude de la Tenture de l’Apocalypse d’Angers

Clémentine Mathurin, conservateur des Monuments Historiques, DRAC, Pays de la Loire Montaine Bongrand, restauratrice indépendante, Susanne Bouret, restauratrice indépendante, Isabelle Guegan, photographe indépendante

La mission de constat d’état de la Tenture de l’Apocalypse nous1 a été confiée en 2016 par la DRAC Pays-de- Loire, sous la responsabilité de Clémentine Mathurin, conservatrice du Patrimoine. Le constat d’état avait pour objectif de fournir aux membres du comité scientifique des données fiables et actualisées de l’état de conservation de la Tenture et de répondre à plusieurs questions précises. La mission a compris : – L’étude historique et technique de la Tenture. – Le constat d’état sans dépose de l’ensemble des soixante-sept pièces exposés et des trois fragments conservés en réserve. – La dépose, le constat d’état et la repose de quatre pièces choisies comme représentatives. – Une campagne photographique en HD de chaque pièce et de chaque scène de la Tenture. Nous présenterons en parallèle le travail de chacune dans l’accomplissement de cette mission.

© Groupement Bouret-Bongrand. Une exposition sur la Tenture et le travail du constat d’état est actuellement en cours, et jusqu’au 11 février 2018 au Château d’Angers, «Histoire intime d’un chef d’œuvre» dans le cadre des expositions «Enlices!»  Tapisseries du Centre des Monuments Nationaux Contacts : – Montaine Bongrand, restauratrice textile indépendante, – Suzanne Bouret, restauratrice textile indépendante, – Isabelle Guégan, photographe Liens : http://www.chateau-angers.fr/Explorer/La-Tapisserie-de-l-Apocalypse https://tapisseries.monuments-nationaux.fr/La-tapisserie-de-A-a-Z/La-tenture-de-l-Apocalypse http://www.culturecommunication.gouv.fr/Regions/Drac-Pays-de-la-Loire/Actualites/Une-exposition-autour-de-la-tapisserie-de-l-apocalypse-au-chateau-d-Angers

 

Biomatériaux à base de fibroïne de soie: application à la consolidation de textiles anciens

Sylvie Noinville, chercheuse Sorbonne Universités, MONARIS, Paris 6.

Les caractéristiques mécaniques remarquables des fibres de soie (Bombyx mori, araignée) font de ce polymère naturel d’être largement utilisé dans l’industrie textile. La fibroïne de soie possède une structure hiérarchique de l’échelle moléculaire à nanométrique qui confère à la fibre de soie naturelle ses propriétés mécaniques, optiques, sa stabilité thermique. L’obtention de solutions de soie, après solubilisation des fibres, permet la préparation de nouveaux matériaux en fibroïne de soie dite régénérée sous différentes formes telles que gel, éponges, films pour des applications diverses dans le biomédical mais aussi électronique. Ici, l’utilisation de solution de fibroïne liquide a été testée soit par trempage soit par pulvérisation pour l’enrobage de fibres et tissus de soie naturelle artificiellement vieillie pour démontrer leur capacité à la consolidation de soies anciennes(test de traction mécanique, mesures optiques et spectroscopiques IR et Raman) comme alternative aux traitements par polymères synthétiques.

 

Cocon de soie (Bombyx mori)

Essai de traction uniaxiale (Tensiomètre 2000 Monsanto).

Tissu de soie vieilli (par Xénotest) et imprégné de fibroïne de soie liquide.

Altération des textiles historiques : le rôle des polluants atmosphériques

Pauline Uring, doctorante de l’Université Paris-Est au LISA (UMR7583,CNRS–UniversitésParis-EstCréteiletParisDiderot) Anne Chabas, maître de conférences au LISA

Dans les musées et les monuments, l’empoussièrement est un problème d’altération récurrent qui affecte particulièrement les textiles historiques dont le nettoyage est très délicat. Afin d’étudier ce phénomène, la connaissance de la composition chimique des particules présentes à la fois dans l’air (aérosols) et dans les dépôt s est essentielle. Mais le dépôt, une fois au contact des fibres, n’est pas inerte : c’est pourquoi il convient d’en étudier l’évolution en atmosphère intérieure. Pour répondre à ces problématiques, trois sites à signatures environnementales contrastées ont été choisis et caractérisés: le musée de Cluny (urbain), le château de Fontainebleau (semi-rural) et la Villa Kérylos(marin). Dans chaque monument, des matériaux (laine, coton, soie, verre) sont exposés afin d’accumuler un dépôt de poussière réel et d’évaluer la vitesse d’empoussièrement des surfaces. En parallèle, des dépôts artificiels de particules-clés identifiées sur sites ont été réalisés en laboratoire. Enfin, une atmosphère riche en polluants gazeux (O3,SO2,CO2,NO2,COV) est recréée dans une chambre de simulation (CIME) pour accélérer l’altération des textiles. Ceci permet un vieillissement contrôlé des substrats, empoussiérés sur site et en laboratoire, avant leur analyse pour évaluer l’évolution des dépôts et des fibres. Cette étude est effectuée dans le cadre d’une thèse de trois ans et les premiers résultats en seront présentés.

© P. Uring

Retour de résidence à la villa Kujoyama, recherches sur les tissus inkin

Violaine Blaise, restauratrice indépendante

Les tissus inkin sont des pièces de gaze de soie imprimées à la feuille d’or à travers un pochoir. La technique, originaire de Chine, a connu une postérité particulière au Japon dans les domaines du montage des œuvres graphiques et de la cérémonie du Thé, avant de s’éteindre. Les pièces sont aujourd’hui rares et peu étudiées, mais quelques restaurateurs-monteurs essaient d’en reconstituer. Six mois de résidence à la Villa Kujoyama (Institut Français à Kyoto) m’ont permis d’étudier les inkin et de tenter de les recréer.

Impression or sur gaze de soie, © V. Blaise.

Contact : Violaine Blaise, restauratrice textiles, indépendante, violaine.blaise@gmail.com Lien : www.inkin-project.com